Le week-end du 29 et 30 avril ont eu lieu les deux premières manches du championnat de France de Drift FFSA sur le circuit du val d’Argenton, dans le département des Deux-Sèvres. Après une première édition réussie l’année dernière, cet événement est déjà incontournable pour les amateurs de la discipline, mais pas seulement…
Fans ou locaux, c’est une tribune remplie à ras bord qui encourage les pilotes tout au long du week-end. C’est 15% de plus que l’année dernière, et sans doute moins que l’année prochaine. Du spectacle, de la fumée, une ambiance endiablée, des voitures de 600 à 1’200 chevaux, et des pilotes prêts à en découdre durant les battles pour tenter de remporter la victoire !
L’organisation du championnat est réglée comme du papier à musique : Speaker, live et replay sur les réseaux sociaux, séances de dédicace avec les pilotes ; tout est fait pour une immersion complète dans la discipline !
Le CFD (championnat de France de drift) s’est fait une place parmi les championnats nationaux les plus élevés qualitativement et sportivement parlant. Chaque année, un comité composé de nombreux acteurs du drift sélectionne scrupuleusement chaque candidature. C’est 80 pilotes répartis dans trois catégories : Elite, Pro et Loisir. Les pilotes des catégories Elite et Pro roulent ensemble, mais ont chacun leur propre classement.
Quant à la catégorie Loisir, c’est l’antichambre des catégories supérieures. Plus facilement accessible, les voitures y sont légèrement moins performantes mais le niveau y est presque tout aussi élevé. Contrairement aux catégories Elite et Pro, seuls deux passages individuels contribuent au classement, les battles n’étant pas autorisées en catégorie Loisir.
Pour les catégories Elite et Pro, après deux passages faisant office de qualifications, les 32 meilleures pilotes s’affrontent dans des battles. Le premier affronte le dernier, le deuxième l’avant-dernier et ainsi de suite. On retrouve ensuite un format qui s’apparente à une coupe du monde de football (32ème de finale, 16ème, 8ème, …, jusqu’à retrouver les deux meilleurs pilotes dans une ultime battle).
Côté suisse, nous retrouvons cette année quatre pilotes au CFD : John Tena (GE, Pro), Karim Jahan (GE, Pro), Michael Perrottet (FR, Elite) et moi-même (VD, Loisir).
Le premier run de qualification commence très fort pour Michael Perrottet, qui met la barre très haut en signant la pole provisoire. Karim quant à lui écope d’un zéro pour son premier run mais se rattrape dans son 2ème passage pour rentrer dans les points ; un run validé à 94.49 le placera à la 15ème place ; une très bonne prestation pour sa première qualification dans la catégorie Pro.
Le classement provisoire tombe ; Michael se retrouve 3ème. Il sait qu’il n’a rien à perdre pour reconquérir la pole lors du 2ème run. Il part donc le couteau entre les dents, il s’élance et déclenche à 100 km/h ! Record de la journée, puisque c’est 3 km/h de plus que ses concurrents les plus affutés. Avec une ligne à 29 points, une vitesse moyenne de 64 km/h et un drift quality à 30, Michael frôle la perfection ultime du run avec un total de 99.10 points sur 100. Le public est en folie, Michael vient de décrocher la plus belle qualification de sa carrière et de resigner la pole provisoire. La barre est fixée tellement haut qu’il conservera la pole à la fin des qualifications.
Avec la pole, le jeune Gruyérien se place en leader à toutes les battles, ce qui lui permet de donner le rythme d’entrée et de pouvoir temporiser si besoin est lorsqu’il est chasseur. Un réel avantage. En Top32 il élimine E.Girard, en Top16 Jocelin Janin, en Top8 Nicolas Jouard. Il retrouve en Top4 Jason Banet, vice-champion de France 2022 qui malgré son talent et sa voiture qui fait partie des meilleures autos du plateau, est victime d’un problème de boite de vitesses. Michael accède donc pour la première fois à la grande finale, alors qu’il avait précédemment buté en Top8 dans ses meilleurs résultats.
Lors de la finale, Michael commet quelques petites erreurs pendant le run dans lequel il est le chasseur. Malgré tout, c’est une victoire pour lui et son team, car peu de pilotes peuvent fouler les marches d’un podium du CFD. Un travail hivernal sur les simulateurs ainsi qu’une modification de la voiture ont permis à Michael d’évoluer rapidement pour être sur le devant de la scène.
Michael remporte le Zeknova Attack Challenge qui récompense le meilleur déclenchement des qualifications (vitesse + angle).
Quant à Karim, éliminer en Top16 contre Mathias Locatelli, autre poids lourd du drift français, c’est un résultat très solide pour ce jeune pilote fraîchement arrivé en catégorie Pro.
Malheureusement, suite à des problèmes mécaniques récurrents avec sa voiture, John Tena n’a pas pu participer aux qualifications lors du week-end.
Enfin, concernant ma prestation en catégorie Loisir, je signe la 6ème place au classement final après avoir signé la 2ème place provisoire lors du premier run. Mon second run trop ‘safe’ ne m’a pas permis de remonter dans le top3.
Le sport automobile est bien connu pour ces déboires mécaniques, c’est bien la chose la plus frustrante que nous ne pouvons pas toujours maitriser. Lors du premier passage de qualification, Michael décroche la 3ème place provisoire avec 95.4 points. Mais au 2ème passage, où il opère un déclenchement beaucoup plus agressif, il se retrouve victime d’une casse de transmission qui l’empêche de franchir la ligne d’arrivée (0 points). Il se classe malgré tout 6ème avec seulement un run pour les battles l’après-midi.
Branle-bas de combat pour la team de Michael lorsque la Nissan S14 retourne dans les stands par dépanneuse. Ils n’ont que quelques heures pour réparer la transmission pour pouvoir participer au Top32 !
C’est à ce moment que les choses se gâtent pour ma course qui commence dans 15 minutes ; comme je roule sur la même voiture que Michael (le drift est la seule discipline où plusieurs pilotes peuvent se partager une même voiture), j’ai vite compris que la voiture ne serait opérationnelle pour ma course.
Ni une ni deux, je demande au pilote Antoine Amar de la SRG Drift Team, tenant du titre du CFD 2022, s’il accepte de me prêter sa Nissan S13. L’avantage est que l’entraxe est le même que sur la S14 de Michael, me permettant ainsi d’y monter mes roues. Ce dernier n’a même pas réfléchi une seconde : assieds-toi dans le baquet, on va te préparer la voiture ! me lance-t-il. C’est durant ce genre d’expérience que l’on réalise que le Drift n’est pas seulement une compétition, mais aussi et surtout une famille !
Me voici donc assis dans une voiture que je n’ai jamais roulée et qui est tenante du titre. La pression est à son comble ! Après un excellent déclenchement et une ligne très fluide, je perds le moteur trop bas dans les tours à l’avant-dernier virage, et la reprise de grip engendre une note de 0 pour ce run. Lors du 2ème run, je n’ai pas le droit à l’erreur, je me lance avec le maximum de sécurité, ce qui me vaudra la 10ème place. Quel honneur d’avoir pu rouler dans cette voiture !
Pendant ce temps, l’équipe de Michael a pu remplacer la transmission cassée grâce à des pièces prêtées par un pilote concurrent. C’est ça la philosophie du Drift : tous les pilotes veulent gagner sur la piste et non pas sur abandon, et les équipes sont toujours prêtes à s’entraider.
Après une parade devant une dizaine de milliers de spectateurs, place aux battles du Top32 !
Michael prend le départ du premier run en leader contre le 27ème, tout se passe bien pour lui et il creuse rapidement l’écart. Malheureusement, le sort s’acharne sur lui et le cardan gauche casse pendant le 2ème run. Notre pilote suisse doit abandonner et l’aventure s’arrête pour lui sur cette manche.
Quant à Karim Jahan, stoppé en Top8 par Sylvain Nezondet, c’est une excellente prestation de ce jeune pilote Genevois pour son premier week-end en catégorie Pro.
Jason Banet remporta cette 2ème manche contre Sylvain Nezondet suivit de Mathias Locatelli sur la 3ème marche du podium.
Rendez-vous ce week-end (17-18 juin) pour les manches 3 & 4 du championnat de France de Drift au circuit de Croix-en-Ternois !
Crédits photos : FFSA