Avant d’arriver à Genève, Enzo Ferrari a disputé une quinzaine de courses au volant de différentes Alfa Romeo. Est-ce la raison pour laquelle il a travaillé plusieurs mois, entre la fin de l’année 1923 et le début de l’année 1924, chez Albert Schmidt, qui était à l’époque agent Alfa Romeo au Boulevard James-Fazy à Genève ? C’est fort probable. Enzo Ferrari s’est en effet rapidement aperçu qu’il avait davantage de talent pour faire courir ses voitures et les vendre que pour les piloter. Pourquoi dès lors ne pas s’inspirer du talent organisationnel précédemment évoqué d’Albert Schmidt avant de se mettre à son compte ? Surtout qu’Albert Schmidt n’était pas seulement agent Alfa Romeo, mais également agent Morris et Rolls-Royce.
On relèvera par ailleurs qu’Albert Schmidt ne se contentait pas de vendre ses Alfa Romeo, il les faisait également courir, tout comme le fera plus tard Enzo Ferrari. Outre l’Alfa Romeo confiée à Enzo Ferrari à Eaumorte, deux autres Alfa Romeo étaient en effet engagées lors de cette épreuve, dont une pour Albert Schmidt lui-même qui s’imposait en 31’’3 devant trois autres concurrents dans la catégorie 4 de la classe tourisme. Enzo Ferrari s’est-il donc inspiré d’Albert Schmidt avant de créer sa Scuderia le 1er décembre 1929 ? On l’ignore! Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il avait été très impressionné par la Delage 12 cylindres que pilotait à Eaumorte le Français René Thomas. Lorsqu’il deviendra constructeur à son tour, Enzo Ferrari fera ainsi des moteurs 12 cylindres l’une de ses principales marques de fabrique !
Fort de son succès à Eaumorte, où il a établi un nouveau record d’Europe à 203,5 km/h avec la Delage de René Thomas, le constructeur français a attiré beaucoup de monde sur son stand au Salon de Genève. La Delage 12 cylindres de course y était bien entendu exposée. Cela pour le plus grand plaisir de l’envoyé spécial du Journal de Genève qui écrivit: «Avec de telles attractions, le salon va attirer une foule considérable car l’automobile a pris une place prépondérante dans notre société. Le transport et la vitesse sont en effet des facteurs de progrès.»