Invités dans le cadre des 50 ans de la victoire d’Alpine en rallye, c’est sur les terres normandes que nous avons pu prendre le volant de la toute dernière sportive dieppoise, l’A110 R. A peine arrivés sur place, le ton de la journée fut donné puisque nous avons eu le privilège de prendre part à un rallye de navigation, concocté spécialement par la marque, pour les propriétaires d’Alpine.

Mais avant de quitter Dieppe et son esplanade remplie de berlinette bleues, petit rappel sur notre voiture du jour. L’Alpine A110 R est la version ultime de la gamme comprenant l’A110, l’A110 GT et l’A110 S (hors séries spéciales). Présentée au mois d’octobre dernier, la R garde le moteur 1,8L turbocompressé développant 300 ch et 340 Nm comme sur la version GT et S. C’est au niveau de l’aérodynamique et du poids qu’Alpine a choisi d’affuter la R.

34 kg ont été économisés sur le poids total par rapport à la S, portant le total à 1’082 kg à vide en ordre de marche. Pour réussir cet exercice, la marque française n’a pas lésiné sur l’utilisation du carbone. Capot, toit, lunette arrière, aileron, lame avant, jupes latérales, diffuseur ou encore jantes utilisent ce matériau.

Niveau performances, ces équipements ont permis à l’A110 R de gagner 3 dixièmes de secondes, pour effectuer le 0 à 100 km/h en 3,9 secondes. La vitesse maximale est donnée pour 285 km/h. Grâce au nouvel aileron en col de cygne entre autres, l’arrière bénéficie jusqu’à 29 kg (30 kg pour l’avant) d’appui supplémentaire et une traînée réduite de 5%. L’A110 R est aussi 10 mm plus basse que la version S.

Pour ce faire, elle est dotée de suspensions réglables en hauteur permettant de la rabaisser encore de 10 mm supplémentaires (seulement sur circuit). Le châssis se voit raffermi par rapport à la S. 10% de fermeté supplémentaire pour les 4 ressorts et la barre anti-roulis avant et 25% pour la barre arrière. Les amortisseurs Sachs à cartouche d’huile séparées sont réglables en détente/compression sur 20 positions. Pour la sonorité de cette bête de circuit, Alpine a opté pour un échappement allégé (valves d’échappement supprimées), à double sortie ronde avec canules en titane.

Pour le freinage, rien n’a été changé par rapport aux disques hautes performances bi-matière de 320 mm des modèles GT et S. Ceux à l’avant reçoivent toutefois deux nouvelles pièces permettant de canaliser le flux d’air et de le diriger sur les disques, afin d’améliorer le refroidissement de ces derniers.

Après ce petit topo, partons récupérer notre roadbook du jour. Une centaine de kilomètres nous attendent au travers de la campagne normande. Nous partons en salve approximative de 20 voitures, pour ne pas créer de bouchon bleu Alpine. Notre R du jour se part de la toute nouvelle teinte bleu racing mat, exclusive à ce modèle. J’ouvre la porte et prends place dans les sublimes baquets Sabelt Track en carbone. Bien installé, j’effectue une rotation pour m’apercevoir que la voiture est dépourvue de ceintures de sécurité.

En effet, l’A110 R est la seule voiture au monde, à ma connaissance, à recevoir des harnais 6 points homologués pour la route. Cela vous sera beaucoup plus contraignant en utilisation quotidienne, vous allez devoir jouer les contorsionnistes, certes, mais vous ne ferez plus qu’un avec votre Alpine !

Autre chose absente dans cette version radicale, le rétroviseur central. Autant vous dire que pour une personne qui roule essentiellement avec celui-ci en temps normal, les premiers kilomètres dans Dieppe furent sportifs voir limite dangereux (angles morts importants, absence du rétroviseur central mais aussi du fait que l’on ne puisse pas se tourner une fois harnachés). Il faudra vous fier uniquement à vos rétroviseurs extérieurs.

Extirpé de la ville, j’en profite pour mettre le mode Sport et tendre l’oreille. La ligne titane procure moins de retours à l’échappement que l’A110 S MY2022, mais semble tout aussi présente. Au niveau amortissement, la R ne perd pas la polyvalence d’utilisation des autres modèles de la gamme. Sur les petites routes cassantes de Normandie, on peut donc adopter un rythme soutenu sans pour autant s’abîmer le dos.

La gestion de la boîte de vitesses EDC à 7 rapports semble avoir été revue, avec des vitesses de passage encore accrues en mode Track. Toutefois, à certains moments, un très subtil temps de latence peut se faire sentier au rétrogradage, lorsque l’on est en pleine charge. Cela n’enlève en rien le plaisir à son volant, procuré notamment par un très bon touché de route. Un dernier arrêt devant le mémorial de Jean-Luc Thérier à Bully, inaugurée en août 2021 en mémoire du pilote qui participa au succès d’Alpine en 1973 et il est déjà temps pour nous de rendre les clés.

Bien sûr, il est compliqué de se faire un réel avis d’une voiture aussi abouti sur une trentaine de kilomètres, principalement réalisés en ville pour ma part. Nous sommes impatients de pouvoir en prendre le volant sur nos belles routes Suisses, ou plus précisément sur circuit.

Remerciements

Merci à Renault Suisse pour cette invitation à participer au rassemblement des 50 ans de la victoire d’Alpine en rallye.