Beaucoup de choses se sont passées depuis le 4 mars de cette année, date à laquelle nous avions publié notre article sur le 90e anniversaire du pilote valaisan Roger Rey. Lors de cet anniversaire, qui avait été célébré en présence des champions de ski Roland Collombin et Philippe Roux (lire ici), nous avions brièvement évoqué que le cinéaste Gaël Métroz préparait un film sur Roger Rey. Or, nous en savons désormais davantage sur ce long métrage.

Gaël Métroz (à gauche sur la photo ci-dessus où il est en train de montrer les premiers extraits du film à Roger Rey) nous a en effet dévoilé le synopsis: «Il ne s’agit pas d’un long métrage qui passe en revue les différentes victoires remportées par Roger Rey au cours de sa longue carrière. Il s’agit d’un film qui raconte l’histoire de ce pilote particulièrement attachant à partir de son 84e anniversaire», nous a expliqué Gaël Métroz.

« Le jour de son 84e anniversaire, Roger Rey est confronté à un souhait pour le moins particulier de son épouse Marylou qui lui demande de courir à nouveau », poursuit Gaël Métroz. « Face aux nouveaux bolides, Roger Rey, son mécanicien et leur voiture sont complètement anachroniques. Roger Rey poursuit cependant sa saison avec des chronos qui s’améliorent de course en course. Sans crier gare, son épouse entre à l’hôpital et décède. Sur son lit de mort, elle lui demande encore de faire une grande course européenne en son honneur, ce sera la course de côte internationale de St-Ursanne–Les Rangiers. Mais Roger Rey a plus de 84 ans et sa monoplace en a 40 », précise Gaël Métroz qui a été primé pour plusieurs de ses films notamment pour « Nomad’s Land sur le traces de Nicolas Bouvier », dont on peut voir ici un extrait.

Bertrand Coppey, de la société de production Epyc Films, ne tarit pas d’éloges sur la patience de Gaël Métroz dans le tournage de ce film sur Roger Rey: « Il y a six ans que Gaël nous a proposé ce sujet d’une ancienne gloire qui revient au sport automobile. Six ans qu’il poursuit son immersion en attendant que son histoire se développe. De tels repérages sont atypiques, mais la patience de Gaël a payé, car l’histoire de Roger Rey dépasse aujourd’hui toutes nos espérances. Les images intimes et puissantes qu’il a ramenées de ses tournages nous ont convaincus de la pertinence de cette patience qui a permis à une histoire inouïe de se développer. »

Et cette histoire comprendra un développement surprenant. Les amis de Roger Rey ont en effet décidé, lors de son 90e anniversaire, de lui offrir un voyage au Grand Prix d’Italie de F1 à Monza, un circuit que Roger Rey connaît bien pour y avoir couru à plusieurs reprises. Un tel déplacement coûte cependant une petite fortune, surtout depuis que le groupe américain Liberty Media a acheté la société de promotion du championnat du monde de F1, et les amis de Roger Rey, à commencer par Capucin, ont eu l’idée de lancer un financement participatif, un crowfunding comme on dit en bon français ! « Tous ceux qui souhaitent participer à ce financement participatif, en donnant même une petite somme étant donné que les petits ruisseaux font les grandes rivières, sont les bienvenus. Ils n’ont qu’à aller sur le lien créé à cet effet. Mais il ne faut rien dire à mon père, cela doit rester une surprise pour lui », sourit Pascale Rey, sa fille.

Sachez également que si le réalisateur Gaël Métroz accompagnera Roger Rey à Monza – où il est prévu d’effectuer un pèlerinage à l’Hôtel Fossati, connu notamment pour son célèbre ascenseur recouvert d’autocollants – , il prendra entièrement à sa charge son déplacement: « La cagnotte participative mise sur pied par Capucin ne servira qu’à couvrir les frais de Roger Rey. Je réglerai moi-même toutes mes dépenses », nous a expliqué Gaël Métroz qui, au fur et à mesure que son film avance, ne cache pas son admiration pour le pilote sierrois: « Au début, j’avais décidé de suivre Roger Rey car son retour à la compétition avait fait grand bruit dans le milieu automobile. Mais, avec le décès de son épouse et la maladie de son mécanicien, cette histoire a pris une toute autre tournure. Il ne s’agit plus uniquement du retour héroïque d’une vieille gloire mais d’une véritable aventure humaine pour dépasser la mort et ses craintes », conclut Gaël Métroz qui, depuis 15 ans, s’est construit un processus de création bien à lui. Il ne veut pas diriger ses protagonistes, ni les éclairer, ni influencer leur destinée. Son principe d’immersion répond à un double dessein: celui de tenter de disparaître au maximum au prix d’un long apprivoisement, pour ensuite mieux filmer le réel.

Crédit des photos : Laurent Missbauer, Pascale Rey, Gaël Métroz, Epyc Films et Archives Roger Rey