ROADTRIP TO LE MANS
AVEC LES GIULIA & STELVIO
QUADRIFOGLIO RESTYLÉES

Le reportage Sport-Auto.ch du 4 juillet 2023

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

C’est à l’occasion du Mans Classic qu’Alfa Romeo nous a invités à essayer en avant-première les versions restylées de ses Giulia et Stelvio Quadrifoglio, modèles 2024. C’est plus précisément depuis Paris que nous sommes partis pour un roadtrip nous menant au Mans en passant par le circuit de Montlhéry, le tout au volant des deux fleurons de la marque désormais forts de 520 ch. Reportage.

C’est en octobre 2022 que les Giulia et Stelvio ont reçu leur restylage, après respectivement 6 et 5 années de carrière. Une cure de jouvence qui, jusqu’à maintenant, ne concernait pas les versions Quadrifoglio. En avril dernier, la marque au Biscione avait présenté les Giulia et Stelvio Quadrifoglio 100° Anniversario pour fêter le 100ème anniversaire du trèfle à quatre, également restylées, mais limitées à 100 exemplaires de chacune dans le monde. Dès maintenant, les Giulia et Quadrifoglio héritent des modifications esthétiques et mécaniques des modèles 100° Anniversario, hormis quelques détails visuels sur lesquels nous allons revenir.

Lors de cet événement très exclusif dédié à 40 journalistes venus du monde entier, les responsables nous informent que les suspensions des modèles Quadrifoglio ont été recalibrées dans le but d’améliorer encore leur agilité, et de les rapprocher ainsi des versions GTA et GTAm. Plus étonnant encore, la vectorisation du couple entre les roues arrière a été abolie, au profit d’un plus traditionnel différentiel à glissement limité mécanique, ce dans le but “de conférer aux modèles Quadrifoglio une réponse plus immédiate et un comportement à l’accélération s’approchant de celui d’une voiture de course” nous glisse Domenico Bagnasco, responsable de la validation des performances pour Alfa Romeo (edit : voir notre deuxième article pour plus de détails).

La prise de contact avec les véhicules a lieu à l’Autodrome de Linas-Montlhéry, un lieu emblématique pour la marque qui y a connu plusieurs victoires dans les années 1930, et le record de vitesse pour l’époque y est détenu par une Alfa Romeo 3L, en 1939 à 238,9 km/h. Aussitôt sortis du car, c’est un magnifique plateau multicolore qui nous attend, parmi lequel les responsables ont glissé des modèles 100° Anniversario (pourtant déjà tous vendus). Une Giulia GTA et une GTAm sont également présentes, mais réservées aux instructeurs. Effet garanti, tant il est rare d’en croiser sur nos routes !

Esthétiquement, le restylage se concentre essentiellement sur les optiques avant dont la nouvelle signature évoque celle du Tonale, avec des feux matriciels de dernière génération. A l’intérieur, du carbone 3D fait son apparition (similaire à celui rencontré sur la Maserati Levante Trofeo), mais c’est surtout le nouvel écran LCD de 12,3 pouces qui fait face au conducteur qui apporte un coup de jeune à l’ensemble. Assez ergonomique, ce dernier permet de choisir plusieurs apparences pour les tachymètres, dont une qui rappelle avec brio les Alfa Romeo d’antan. En mode Race, un compte-tours central très évocateur fait son apparition.

Les versions 100° Anniversario reçoivent quant à elles des étriers de frein dorés, des trèfles à quatre à bordure dorée où l’on peut lire “1923-2023”, des coques de rétroviseurs et une calandre en carbone, ainsi qu’un monogramme 100° cousu sur le tableau de bord.

Après une courte prise en main sur le célèbre anneau de vitesse de 2,5 km (mémorable sensation de rouler ne serait-ce qu’à 150 km/h dans un virage aussi incurvé sur un revêtement très bosselé), nous partons essayer les Giulia et Stelvio sur les 6,5 km du circuit routier.

Mon expérience commence à bord d’un Stelvio 100° Anniversario vert Montréal. L’anti-patinage m’empêchant de juger pleinement de ses capacités, je bascule en mode Race. Le constat est sans appel : par rapport à la version précédente où un patinage de la roue arrière intérieur apparaissait avant d’être annihilé par le Torque Vectoring, la motricité semble sans faille sur ce nouveau modèle. Le Stelvio Quadrifoglio est donc plus réactif et plus rapide en sortie de virage. Une vidéo de cet essai dynamique figure dans notre deuxième article

Place maintenant à la Giulia. Par hasard, j’hérite également d’un modèle 100° Anniversario, en rouge Etna cette fois-ci. Comme précédemment, nous roulons sous conduite derrière un moniteur, mais le rythme élevé permet d’exploiter pleinement l’auto. Le revêtement inégal ne permet en revanche pas d’exploiter tout le potentiel du châssis. La Giulia étant plus sensible aux effets d’une chaussée dégradée, je passe les suspensions en réglage “Mid” afin d’avoir un comportement plus prévenant et plus adapté à la topographie du parcours, au lieu du réglage “Hard” par défaut en mode Race.

Alors que la chaussée est sèche, lorsque j’accélère à fond à la sortie du virage, les roues arrière semblent patiner instantanément à la même vitesse. Le gain apporté par le nouveau différentiel, par rapport à la Giulia Quadrifoglio munie du Torque Vectoring, me paraît toutefois moins marqué que sur le Stelvio. Pour le reste, avec son train avant chirurgical et son équilibre des masses idéal, la Giulia fait toujours preuve d’une agilité unique dans le segment ! Une vidéo de cet essai dynamique figure dans notre deuxième article

Après le repas de midi, nous prenons le volant des véhicules pour nous diriger en direction du Mans. Alfa Romeo nous a concocté un itinéraire d’environ 3 heures comportant majoritairement des routes nationales et départementales. L’idéal à la fois pour voir du pays, et aussi pour se rappeler que les modèles Quadrifoglio sont également aptes à voyager confortablement et dans un silence insoupçonné. Plus légère et plus basse, la Giulia Quadrifoglio consomme moins de 9 l/100km avec trois personnes à bord lorsque nous roulons normalement, ce malgré les nombreux villages traversés. Un véritable couteau suisse !

Après une courte nuit, nous partons à 7h de l’hôtel pour le circuit du Mans. Il s’agit du premier jour du Mans Classic, un événement planétaire dans le milieu de l’automobile, et pour lequel Alfa Romeo souhaite marquer les esprits pour le centième anniversaire du Quadrifoglio, qui au passage coïncide avec les 100 ans des 24h du Mans. A cet effet, nous allons avoir le grand privilège de participer à la parade des clubs sur le circuit des 24h du Mans long de 13,6 km. Et comme si cela ne suffisait pas, c’est Alejandro Mesonero qui, par pur hasard, prend place à côté de moi ; rien de moins que le directeur du design d’Alfa Romeo ! Plus loin dans la parade se trouve également l’Alfa Romeo Giulia SWB Zagato, pilotée par Andrea Zagato lui-même ! Pour rappel, cette œuvre d’art unique célèbre les 100 ans de collaboration entre le constructeur et le carrossier italien.

Ici, plus question d’emmener la Giulia Quadrifoglio à ses limites dynamiques, mais plutôt de profiter pleinement de ce moment unique. De plus, les organisateurs ont envoyé toutes les classes en même temps, pour notre plus grand plaisir visuel et auditif. Il faut cependant rester concentré et scruter ses rétroviseurs, car la différence de vitesse entre les voitures demeure élevée. Avec ses 520 ch et sa vitesse maximale de 308 km/h, la Giulia Quadrifoglio est nettement plus performante que la plupart des autos qui nous entourent. Après deux tours complets et quelques pointes à 210 km/h, Alejandro semble encore plus déçu que moi à la vue des commissaires nous faisant signe de rejoindre le parc. “On continue tout droit, on dit qu’on a pas vu les signes ! ” me lance-t-il avec un mélange d’humour et d’envie non dissimulée.

De retour au parc des Alfa Romeo, tout le monde a les yeux braqués sur l’arrivée de la Giulia SWB Zagato. Andrea et Alejandro prennent ensuite le temps d’échanger quelques instants avec les participants autour de la voiture. Par petits groupes de journalistes, nous avons eu ensuite l’opportunité de nous entretenir avec Jean-Philippe Imparato, directeur général d’Alfa Romeo depuis 2021 (les informations recueillies lors de cette table ronde feront l’objet d’un prochain article).

Bien que la conduite soit terminée pour nous, l’expérience continue durant cette journée d’essais où les différents plateaux d’anciennes s’affrontent en piste. La loge Alfa Romeo, située au-dessus de la Pit Lane, offre une vue imprenable sur le spectacle, et surtout, quel son ! Au terme de ma visite, je n’ai plus aucun doute : Le Mans Classic est vraiment un événement incontournable pour tous les amateurs de classiques, mais également pour tout passionné de voiture qui se respecte. La prochaine édition aura lieu en 2025, et nul doute que Sport-Auto.ch y sera à nouveau présent.

Remerciements

Merci à Alfa Romeo Suisse pour cette invitation à découvrir les nouvelles Alfa Romeo Giulia et Stelvio Quadrifoglio à l’occasion du Mans Classic 2023.

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