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Le reportage Sport-Auto.ch du 3 novembre 2024

Rédaction: Laurent Missbauer
Photographies: Laurent Missbauer et constructeurs

La Cupra Terramar arrive ces jours-ci en Suisse, mais Sport-Auto.ch l’a déjà essayée au mois d’octobre. Que nous réserve ce nouveau modèle qui est proposé avec 150, 265 et 272 chevaux et dont les prix démarrent respectivement à 47’950, 59’750 et 61’800 francs? Reportage en Espagne où nous avons conduit la version la plus exclusive, la Terramar America’s Cup qui ne sera commercialisée en Suisse qu’«au cours du premier semestre de 2025».

Quel est le point commun entre la Ferrari Daytona, la Lamborghini Jarama, la Maserati Sebring et la Cupra Terramar ? Elles portent toutes les quatre le nom d’un circuit. Celui de Terramar n’est certes pas le plus connu, mais il revêt une grande importance pour la marque espagnole. C’est en effet sur ce cet autòdrom (en catalan dans le texte), inauguré le 28 octobre 1923 non loin de Sitges, au sud de Barcelone, qu’a eu lieu le 22 février 2018 le lancement officiel de Cupra en tant que constructeur à part entière. Jusque-là, la dénomination Cupra ne couronnait que les versions les plus sportives de Seat.

Aujourd’hui, Cupra est une véritable success-story. C’est grâce à cette nouvelle marque et en particulier à la Cupra Formentor, le premier modèle à ne pas avoir d’équivalent chez Seat, que le bénéfice d’exploitation du binôme Seat/Cupra a atteint 406 millions d’euros au premier semestre de 2024, soit 9,4% de plus qu’au premier semestre de 2023. Il s’agit du meilleur résultat de l’histoire de cette antenne espagnole du Groupe Volkswagen et ses dirigeants comptent beaucoup sur la Cupra Terramar pour poursuivre cette succes-story. Davantage en tout cas que sur la Cupra Tavascan 100% électrique qui est produite en Chine. La Tavascan devra en effet composer avec les nouvelles taxes d’importation que l’Union européenne a édictées afin de freiner l’arrivée sur le Vieux-Continent des voitures électriques construites sur sol chinois.

La Cupra Terramar, elle, n’est pas produite en Chine, ni en Espagne d’ailleurs, mais en Hongrie, dans l’usine Audi que la marque aux quatre anneaux a construite en 1993 dans la localité de Györ, à seulement une centaine de kilomètres de la frontière autrichienne et de Vienne. Cette usine gigantesque, qui compte 11’663 salariés (chiffre arrêté au 31 décembre 2023), est la plus grande usine de moteurs au monde. Elle ne produit cependant pas seulement 1,6 million de moteurs par année, mais également quelque 170’000 voitures. Le premier modèle assemblé à Györ a été l’Audi TT Coupé, à partir de 1998, puis l’Audi TT Roadster, dès 1999. Aujourd’hui, ce sont l’Audi Q3, l’Audi Q3 Sportback et leur proche cousine Cupra Terramar qui sortent des lignes de montage d’Audi Hungaria.

Dans ce contexte, il n’est pas inutile de rappeler que la collaboration entre Audi et Seat remonte à 2011 avec la production de l’Audi Q3 dans l’usine Seat de Martorell, non loin de Barcelone. Près de 800’000 unités ont été fabriquées depuis, suivies par l’Audi A1 avec près de 400’000 exemplaires produits depuis 2018. En assemblant la Cupra Terramar, l’usine de Györ est devenue la première usine Audi à produire des véhicules d’une autre marque du Groupe Volkswagen.

La production de la Cupra Terramar en Hongrie «offre plusieurs avantages, notamment l’optimisation des processus», a précisé Markus Haupt, vice-directeur de la production et de la logistique chez Cupra. Une optimisation des coûts également, les salaires hongrois étant bien inférieurs à ceux en vigueur en Catalogne. Mais la voiture a bel et bien été «conçue et développée à Barcelone», a ajouté Markus Haupt. C’est d’ailleurs dans cette ville que nous avons rendez-vous pour conduire ce modèle avec lequel Cupra souhaite conquérir «de nouveaux clients dans un segment qui est en pleine croissance».

C’est à l’aéroport de Barcelone que nous attendent les nouvelles Cupra Terramar, alignées en épi. L’une d’entre elles attire immédiatement notre regard avec sa peinture mate. Son coloris gris-vert pâle est réservé pour l’instant à la Terramar America’s Cup, une édition qui est limitée à 1337 exemplaires et qui chapeaute la gamme Terramar aussi bien au niveau des motorisations qu’au niveau du prix.

Elle ne sera disponible en Suisse qu’en version VZ, c’est-à-dire avec le 1.5 eHybrid de 272 ch (hybride rechargeable) ou le 2.0 TSI 4Drive de 265 ch. «Comme la Terramar America’s Cup n’arrivera en Suisse qu’au cours du premier semestre de 2025, ses prix n’ont pas encore été communiqués», nous a précisé Karin Huber, la directrice de la communication de Cupra en Suisse. En France, où seule la Terramar America’s Cup de 272 ch est proposée, son prix est de 63’750 euros, soit 3950 euros de plus que la VZ de 272 ch affichée, elle, à 59’800 euros. Cette version est quant à elle vendue 59’750 francs en Suisse.

Mais pourquoi lancer un modèle qui rend hommage à la Coupe de l’America? Tout simplement car la 37e édition de cette compétition nautique, la plus ancienne au monde, a eu lieu cette année à Barcelone et que Cupra y était l’un des partenaires officiels. Si, chez nous, la Coupe de l’America, qui se déroule tous les trois ans, est avant tout connue à travers le bateau suisse Alinghi, vainqueur à deux reprises (2007 et 2010), à l’étranger, notamment en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Zélande (c’est de ce dernier pays que provenaient cette année les vainqueurs), elle bénéficie d’une grande popularité.

Et pourquoi la Terramar America’s Cup est-elle limitée à 1337 exemplaires et non pas à 1500 unités par exemple? Les deux derniers chiffres, le «3» et le «7», rappellent que l’America’s Cup a été organisée cette année pour la 37e fois. Quant au «1» et au premier «3», ils évoquent respectivement la première et la troisième lettres de l’alphabet, soit le «A» et le «C», les deux initiales de l’America’s Cup! Sachez encore que la Terramar America’s Cup ne se distingue pas seulement par sa peinture mate gris-vert pâle qui répond au doux nom de «Gris Encelade Mat» – Encelade étant un satellite de la planète Saturne dont le coloris, vous l’aurez devinez, est gris-vert pâle – mais également par des jantes exclusives en alliage noir de 20 pouces ainsi que par le logo de l’America’s Cup gravé au laser sur les piliers B.

A bord, le cuir Moonslate noir et les sièges baquets – avec le logo de l’America’s Cup – renforcent son exclusivité. Et le ramage vaut-il le plumage? Les premières impressions recueillies en conduisant la Terramar America’s Cup de 265 ch autour de Barcelone, ainsi que sur les quelque 40 kilomètres qui séparent la capitale de la Catalogne du circuit de Terramar, nous permettent de répondre affirmativement à cette question. Aussi bien l’agrément de conduite que les relances et les dépassements effectués sur un bref tronçon montagneux ne prêtent le flanc à aucune critique. En détaillant les caractéristiques techniques et les performances décrites par le constructeur dans une brochure ad hoc*, la Terramar de 265 ch, qui pèse 1750 kg, accélère de 0 à 100 km/h en 5,9 secondes. Il s’agit de 1,4 seconde de moins que la Terramar pHev qui est légèrement plus puissante (272 ch) mais qui affiche 154 kg de plus sur la balance et qui, selon le constructeur, peut rouler une centaine de kilomètres en mode 100% électrique.

Afin de vérifier avec davantage de rigueur les performances de notre modèle d’essai, il aurait fallu que Cupra nous propose de rouler sur une épreuve spéciale, fermée au trafic, comme cela avait été le cas lors de la présentation de la Cupra Ateca. Le soir, après la conférence de presse organisée sous les tribunes historiques du circuit de Terramar, nous avons cependant eu droit à un tour de l’autòdrom mené à vive allure à bord d’une Cupra Terramar conduite par le pilote professionnel Jordi Gené.

Ancien coéquipier du Genevois Jean-Denis Delétraz aux 24 Heures du Mans en 2001, Jordi Gené nous a secoué comme une bouteille d’Orangina en montant à la vitesse grand V au sommet d’un des virages surélevés du circuit, avant d’en redescendre en prenant soin d’éviter les trous qui se trouvent sur le circuit. Celui-ci n’a accueilli qu’un seul Grand Prix d’Espagne automobile, en 1923, avant de faire faillite. Des courses de moto ont certes encore eu lieu après la Seconde Guerre mondiale, mais le circuit se trouve à l’abandon depuis plus de 60 ans! Un abandon dont nous avons pris toute la mesure en ayant été le seul journaliste suisse à avoir pu y rouler avant la conférence de presse précédemment évoquée. Inutile de préciser que nous nous réjouissons d’ores et déjà d’essayer plus longuement, en Suisse, la nouvelle Cupra Terramar.

En guise de conclusion, on relèvera que Cupra, six ans seulement après sa création, a effectué beaucoup de chemin en direction des marques premium. Cela, elle le doit avant tout à Luca de Meo qui était le directeur général de Seat de 2015 à 2020. Avant d’être appelé à la tête de Renault, le 1er juillet 2020, avec le succès que l’on sait, cet Italien de 57 ans avait déjà relancé la marque Abarth.

Cela avait notamment permis à Fiat d’augmenter ses bénéfices en commercialisant des Abarth qui visaient une clientèle disposant d’un plus fort pouvoir d’achat que celle de Fiat. Même tactique chez Seat où il a proposé des Cupra qui visaient elles aussi une clientèle au portefeuille mieux garni que celle qui achetait des Seat. Et aujourd’hui, Luca de Meo adopte ces mêmes recettes avec l’Alpine A290 dérivée de la nouvelle Renault 5 électrique. L’A290 Première Edition, par exemple, est proposée aujourd’hui à partir de 46’200 euros, un prix que la clientèle Renault n’aurait probablement jamais accepté de débourser!

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Les prix, les performances et les caractéristiques techniques de la nouvelle Cupra Terramar peuvent être consultées ici:
https://sport-auto.ch/wp-content/uploads/2024/11/f_pl_cupra_terramar.pdf

Remerciements

Merci à Cupra Suisse pour cette invitation à la présentation de la nouvelle Cupra Terramar en Espagne.