MERCEDES-AMG
GT 63 4MATIC+

L’essai Sport-Auto.ch du 21 octobre 2024

Rédaction : Nuno Ferreira
Photographies : Nuno Ferreira

Lorsqu’un constructeur produit une voiture qui devient une sorte d’icône de la marque, il est difficile de la remplacer sans perdre son ADN tout en proposant des évolutions dignes d’intérêt. Nombreux sont ceux qui végètent dans un classicisme désolant pour les passionnés. Avec son AMG GT, Mercedes-Benz fait le pari de faire évoluer grandement son modèle le plus sportif (hors AMG One) pour mieux répondre aux attentes de sa clientèle.

Un très long capot et un habitacle reculé derrière un pare-brise fortement incliné confèrent à la première AMG GT un look singulier. Cette deuxième génération reprend ces codes mais de façon moins extrême. Et pour cause, l’habitacle devient plus vaste puisqu’il accueille désormais 4 passagers (2+2) alors que l’ancien modèle était une stricte deux places. Le gabarit général extérieur devient plus imposant (4728 x 2100 x 1354 mm contre 4544 x 1939 x 1287 mm auparavant).

Autre évolution majeure de cette nouvelle génération, la transmission aux roues arrière de la première génération est remplacée par une transmission à quatre roues motrices. Le moteur V8 biturbo 4.0 litres développe désormais 585 ch (soit la même puissance que l’ancien modèle GT R) et 800 Nm. Avec ces évolutions, l’AMG GT se confronte, plus que jamais, à la fameuse Porsche 911 Turbo. La vue de 3/4 arrière laisse songeur tant la ressemblance est évidente. Voilà pour les principales évolutions.

0-100km/h (s) : 3.2

Vmax (km/h) : 315

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.41

4×4
8 cyl. 4.0L biturbo
585 ch / 800 Nm
1’996 kg

Notre modèle d’essai présente une teinte bleu mat (Bleu spectral magno MANUFAKTUR à CHF 7’699.-) de bel effet. De nombreux appendices en carbone (Pack AMG extérieur carbone à CHF 4’973.-) font partie de la longue liste d’options dont dispose notre véhicule. Les poignées, affleurées à la carrosserie, se déploient à l’approche du véhicule. Malheureusement, compte tenu du prix de l’engin (CHF 241’036.- pour notre version), leur finition (mouvements parasites) déçoit.

De nombreux détails, tels que les phares arrière en 3D, le bosselage du capot ou encore la signature lumineuse, témoignent du soin apporté au design de cette Mercedes. En revanche, les grilles latérales et arrière factices surprennent au vu de la vocation sportive de l’engin. Les jantes forgées AMG 21” à 10 doubles branches (CHF 3’816.-) dissimulent des pinces de freins jaunes.

Dès qu’on ouvre les portières, on découvre un habitacle cossu et bien fini. Les matériaux utilisés sont de qualité (à l’exception des seuils de portes qui se raient facilement) et les assemblages sont soignés. Compte tenu de la taille de la voiture, on pourrait s’attendre à un volume intérieur plus généreux. Le tunnel central prend beaucoup de place et réduit donc la largeur disponible pour les passagers. A l’arrière, les places sont presque symboliques tant la hauteur disponible est réduite. Leur accès se fait en rabattant les sièges avant, pour autant que ceux-ci fonctionnent (en panne lors notre essai)…

L’ergonomie générale est perfectible avec notamment un pédalier décalé vers la gauche par rapport à l’assise du conducteur, une amplitude de réglage des rétroviseurs extérieurs insuffisante ou encore une console centrale trop haute (risque de toucher avec le coude en manœuvrant). L’écran central est définitivement trop reculé dans l’habitacle, rendant ainsi son accessibilité peu pratique suivant la position de conduite. Il regroupe l’immense majorité des commandes. En effet, seules quelques commandes sont accessibles directement au-dessous de l’écran mais il s’agit également de boutons tactiles.

Le volant à trois branches doubles reprend également un grand nombre de commandes via des boutons tactiles peu pratiques. Calé dans les excellents sièges aux réglages multiples, qui plus est ventilés, chauffants et massants, on se retrouve face à un tableau de bord entièrement numérique et paramétrable selon 8 modes d’affichage.

Dès l’allumage, le son du V8 vous envoûte. Il ronronne en douceur avant de devenir plus rauque lorsqu’on sollicite la pédale d’accélérateur. La sonorité est très agréable mais j’avoue que j’aurais aimé qu’il soit plus présent dans l’habitacle. Quelques borborygmes se font entendre lorsqu’on relâche la pédale de l’accélérateur, semble-t-il accentués par les excellents haut-parleurs Burmester à la finition aluminium soignée. Le moteur est très disponible sur toute sa plage d’utilisation et dispose d’une élasticité impressionnante grâce aux deux turbos qui soufflent fort.

Sur la route, on apprécie pleinement les roues arrières directrices qui favorisent l’engagement en courbe et augmente l’agilité dans le serré. Le train avant pourrait être plus communicatif, à l’image de ce qu’on retrouve chez sa concurrente Porsche 911. La sensation de poids est contenue, sauf lorsqu’on accentue le rythme. La prise de roulis est limitée électroniquement. En mode Sport+, la suspension est cassante, notamment sur les irrégularités de la route. C’est sans doute ce qui explique les bruits de mobilier décelés lors de notre essai. La suspension aurait mérité un calibrage plus souple et confortable, surtout dans le mode Comfort.

On sort de la ville pour exploiter les qualités de l’AMG. Le moteur se révèle alors totalement (0-100 km/h 3.2 secondes). Il est plein à tous les régimes et forme un ensemble cohérent avec la transmission automatique. On dispose de grandes palettes derrière le volant pour changer les rapports. La boîte souffre alors d’un temps de latence, notamment au rétrogradage. Attention toutefois lorsque le moteur s’emballe en accélération, même après le lâcher de pédale, au moment de freiner. Heureusement, le freinage est puissant et nous n’avons pas décelé de perte de performance de celui-ci lors de notre essai.

On s’arrête sur la route déserte, on tire les palettes de vitesses vers soi et on accélère à fond pour tester le Launch Control. On lâche le frein et… boum ! On est catapulté vers l’avant tel un boulet de canon. C’est si addictif qu’on répète l’opération plusieurs fois avant de redevenir raisonnable. Vient alors le temps d’essayer les six modes de conduite (Sol glissant, Individual, Comfort, Sport, Sport+ et Race) accessibles au volant ou par le biais de l’écran central. Ceux-ci agissent sur différents paramètres, notamment les trains roulants et la réponse du moteur.

En mode Race, les plus avertis auront accès à un ”mode secret Drift” permettant de déclencher des dérives plus ou moins contrôlées. J’avoue l’avoir utilisé avec parcimonie tant les chevaux déferlent soudainement et entraînent le train arrière dans des dérives dignes des Muscle Cars américaines. En effet, dans ce mode, la transmission à quatre roues motrices se transforme en propulsion.

C’est déjà le retour en ville, le mode Comfort enclenché, on bénéficiant du dispositif de levage pour franchir les nombreux ralentisseurs qui se présentent à nous. On manœuvre pour stationner, profitant alors de la caméra 360° qui nous aide à parquer cet imposant bébé allemand. Il est déjà temps de ramener l’engin, non sans avoir jeté un coup d’œil supplémentaire à l’habitacle, son éclairage intérieur paramétrable, son affichage tête haute modulable et autres joyeusetés. Aucun doute, on est bien à bord d’une GT dont l’équipement de confort pléthorique contraste avec sa rage mécanique et sa suspension un peu raide.

Au moment de faire le bilan de l’essai, on se rappelle des nombreux pleins réalisés. En effet, la consommation est élevée et la taille du réservoir (70 l) n’est pas en adéquation. Certes, notre essai ne peut pas être considéré comme représentatif d’un usage courant mais nos moyennes ont fluctué entre 12 et 22 l/100 km en fonction d’un usage plus ou moins intensif. Même en usage raisonnable, sur autoroute, il vous sera difficile de descendre en-dessous des 11-12 l/100 km.

Chez la concurrence, la Porsche 911 Turbo (580 ch, dès CHF 239’400.-) et la Maserati Granturismo Trofeo (550 ch, dès CHF 251’300.-) disposent également de la traction intégrale et de quatre places (2+2). Affichée à partir de CHF 203’900.- (CHF 241’036.- pour notre modèle d’essai), la Mercedes-AMG GT 63 4Matic+ est donc sensiblement plus avantageuse, mais accuse environ 200 kg de plus sur la balance face aux deux concurrentes précitées.

L’avis de Sport-Auto.ch

Cette nouvelle Mercedes-AMG GT 63 4Matic+ dispose d’un moteur à la personnalité affirmée qui contribue largement à son charme et offre des performances remarquables. Elle dispose d’un look singulier qui plait et d’un équipement pléthorique dans un environnement à l’ergonomie perfectible. Une bonne GT se doit d’avoir sa propre personnalité, forgée de qualités et défauts, mais offrant un ensemble cohérent. Et si l’AMG GT était justement la définition d’une bonne GT ?

nuno[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Moteur
  • Roues arrière directrices
  • Equipement et finition
  • Look général
  • Comportement GT
  • Ambiance sonore
Contre...
  • Prix
  • Ergonomie perfectible
  • Temps de réponse de la boîte à vitesse
  • Raideur des suspensions en mode Comfort
  • Consommation et autonomie

Merci à Mercedes Suisse pour le prêt de cette Mercedes-AMG GT 63 4MATIC+.

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