LOTUS
ELETRE S

L’essai Sport-Auto.ch du 05 avril 2024

Rédaction : Nuno Ferreira
Photographies : Nuno Ferreira

ACBC ou ACDC ? Anthony Colin Bruce Chapman ou Angus et Malcolm Young ? Courant continu ou courant alternatif ? En route pour l’enfer (Highway To Hell) ou en route pour le plaisir de conduite ? Quelle est donc la personnalité qui se cache derrière ce nouveau SUV ? Tant de questions qu’on peut se poser au moment de prendre le volant de la Lotus Eletre S et auxquelles nous allons tenter de répondre lors de ce nouvel essai d’une Lotus, près de trois ans après nos derniers tests pour la marque. Trois longues années pendant lesquelles Lotus a pris un grand virage, non asphalté celui-là…

En 2021, nous vous présentions coup sur coup les Lotus Exige Sport 420 Final Edition et Elise Sport 240 Final Edition dans des essais mémorables au volant de bolides dignes de la fameuse citation du non moins fameux, Colin Chapman : “Light is right”. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et, au passage, Lotus s’est orientée vers la propulsion électrique qui s’étendra bientôt à l’ensemble de sa gamme de voitures. L’Eletre est le premier SUV 100% électrique de la marque et la première Lotus à quatre portes de série. La formule Light n’est plus à l’ordre du jour.

À l’extérieur, le design et la taille n’ont rien à voir avec ce qu’on pourrait attendre d’une Lotus. Le gabarit imposant de l’Eletre (5.10 x 2.02 x 1.63 m) détonne. La masse n’est pas en reste avec près de 2.7 tonnes sur la balance. À elle seule, l’imposante batterie de 111.9 kWh pèse 665 kg. Le look général est plutôt massif, notamment en vision trois quarts arrière. La face avant vous fait penser à un bulldog anglais… à moins que ça ne soit à un shar pei.

Côté aérodynamique, Lotus soigne son SUV. Outre son aileron déployable qui permet de générer 112.5 kg d’appui aéro, l’Eletre dispose de sept canaux d’air qui passent autour et à travers le véhicule pour améliorer la pénétration dans l’air et augmenter son autonomie. À l’avant, la calandre active (volets en nid d’abeilles) s’ouvre pour refroidir le moteur ou se ferme pour soigner l’autonomie (15km supplémentaires en position fermée selon le constructeur). Les poignées de portes sont affleurées à la carrosserie tandis que les rétroviseurs sont en fait des caméras qui relaient leur vision via des écrans dédiés dans l’habitacle.

0-100km/h (s) : 4.5

Vmax (km/h) : 258

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.38

4×4
électrique
603 ch / 710 Nm
2’645 kg

Notre exemplaire d’essai, de couleur grise Kaimu Grey, dispose de jantes noires 23″ (CHF 3’100.-), de disques de freins allégés à 6 pistons avec pinces noires (CHF 2’870.-), d’un toit vitré intelligent (CHF 1’720.-), de caméras latérales (CHF 2’870.-) ou encore du pack carbone étendu (CHF 10’860.-). Autant d’options coûteuses qui font grimper la facture de CHF 144’890.-, de base pour la version S, aux CHF 179’700.- de notre modèle de test (y compris les options pour l’intérieur).

Lorsqu’on franchit le haut seuil de porte, on découvre un intérieur spacieux, lumineux et, surtout, luxueux. Les finitions et matériaux utilisés (carbone, alcantara, cuir, aluminium) sont de grande qualité. Seul bémol: quelques ajustements perfectibles, mais on est loin des intérieurs spartiates des Lotus d’antan.

On pose les mains sur le volant (non circulaire) à la finition alcantara. Les palettes derrières celui-ci ne servent pas à passer de vitesses mais à régler le niveau de régénération souhaité et à sélectionner l’un des cinq modes de conduite disponibles (Tour, Range, Sport, Off-Road et Individual). Un écran géant de 15.1 pouces est disposé au centre de l’habitacle. Le conducteur et le passager avant disposent en sus d’un écran de 12.6 pouces chacun. Deux écrans supplémentaires sont disposés à l’avant des panneaux de portières et font office de rétroviseurs. Leur emplacement inhabituellement bas demande un temps d’adaptation… auquel on ne se fait finalement pas.

Le système d’Infotainment est rapide et les graphismes soignés. Les choix esthétiques prennent parfois le dessus sur la lisibilité, notamment lorsque la carte se trouve en fond d’écran. En outre, nous avons détecté quelques erreurs de textes et/ou traductions dans les menus.

Sur la console centrale, outre la commande de boîte, on retrouver les réglages de climatisation, un chargeur à induction, deux porte-gobelets ainsi qu’un large rangement. L’excellente sono KEF, composée de 23 haut-parleurs, son 3D Surround et Dolby Atmos pour un total de 2’160W, offre une ambiance sonore qui compense, partiellement, l’absence de son du moteur.

Le système de chauffage par ventilation s’est avéré capricieux, refusant de tempérer l’habitacle en certaines occasions. Les sièges en cuir sont ventilés, chauffés et même massants. Lorsqu’on bascule en mode Sport, l’assise se rétrécit pour un meilleur maintien. Malgré ce réglage, ils pourraient s’avérer plus enveloppants.

Lorsqu’on prend la route, on découvre une voiture très agréable dans la circulation, à condition de ne pas activer le régulateur de vitesse très mal calibré et qui génère beaucoup d’à-coups. La poussée franche est typique des voitures électriques. Cela dit, les sensations de vitesse sont plutôt faibles une fois la voiture lancée. Les performances annoncées par le constructeur (0-100 km/h en 4.5 secondes et 258 km/h en pointe) sont certes élevées mais situées entre celles d’une Ford Mustang Mach-E GT (0-100 km/h en 3.7-4.4 secondes) et d’une Audi e-tron (0-100 km/h en 5.7 secondes), plus petites mais surtout bien moins coûteuses.

La commande de direction est bien calibrée et la prise de cap est franche et précise. Le train avant engage bien mais la voiture pourrait être plus communicative si la consistance de direction à haute vitesse était meilleure. Compte tenu de la taille et du poids de l’engin, l’agilité dans le serré est très bluffante. À titre d’exemple, les enchaînements du Centovalli que nous avons emprunté sont avalés à une allure… peu recommandable. La suspension, agréable, assure un bon contact avec la route et limite bien la perception, de l’intérieur, de la prise de roulis. La hauteur de caisse peut être réglée au gré des différents modes de conduite. Des bruits parasites sont néanmoins perceptibles et dénotent quelques difficultés dans le bosselé ou sur les imperfections de la route.

Comme chacun le sait, le caractère à la limite d’une voiture se révèle sur la neige. Dans les conditions extrêmes que nous avons rencontrées lors de notre essai, l’attaque de pédale de frein s’est montrée trop agressive, entraînant ainsi des blocages momentanés des roues. En mode Sport, on peut également désactiver l’ESP mais ça devient alors très Rock’n Roll.

Après chaque démarrage, le contrôle de la vitesse ainsi que l’assistant de suivi des voies se réactivent automatiquement. De plus, au regard des nombreux appels de phares que nous avons subis, la gestion automatique des phares ne semble pas optimale.

Malgré notre usage intensif et des températures extérieures peu favorables pour la batterie, l’autonomie de l’Eletre s’est montrée convaincante. Le parcours montagneux nous menant de St-Moritz en Valais, en passant par le Tessin (environ 330 km), a pu se faire d’une traite, sans recourir à une borne de recharge.

La concurrence dans le segment des SUV électriques est nombreuse. Toutefois, la Lotus offre des prestations et finitions Premium, là où une Ford Mustang Mach-E GT est plus petite et plus simple de conception mais pour un coût très largement inférieur (dès CHF 81’500.-). Certes, le public cible n’est pas le même mais on peut raisonnablement questionner la pertinence du prix de notre modèle d’essai (CHF 179’700.-) dont les performances ne semblent pas en adéquation, contrairement à l’Eletre R qui elle dispose de 905 chevaux pour un 0-100 km/h parcouru en à peine 2.95 secondes.

L’avis de Sport-Auto.ch

La Lotus Eletre S est une voiture parfaitement dans l’air du temps. SUV, électrique, technologique mais nullement rachitique. Ses qualités routières sont indéniables et son comportement remarquable. Il est clair qu’elle ne s’adresse pas du tout à la clientèle traditionnelle Lotus mais elle saura sans doute trouver son public, fortuné, amateur de voitures rapides et confortables à la fois. Lotus a réalisé un pas de géant par rapport aux Elise et autres Exige mais encore faut-il savoir s’ils l’ont fait dans la bonne direction… L’avenir nous le dira.

nuno[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Comportement routier
  • Performances
  • Qualité de finition intérieure
  • Équipement très complet
  • Système de navigation
Contre...
  • Régulateur adaptatif
  • Gabarit et look massif
  • Soucis de température et d’affichage
  • Prix élevé

Merci à Lotus Cars pour le prêt de cette Lotus Eletre S.

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